Un Lapin qui fait le printemps

Après des mois à hiberner, Lapin sort enfin le bout du nez de son terrier. Et il est prêt à y retourner s'il aperçoit la moindre chose glacée.

Bonnets, cache-nez et moufles, il s'emmitoufle. Belge, Lapin a appris la prudence. Il n'en est pas à sa première fin d'hiver. Ce n'est pas à un vieux lapin qu'on apprend le baratin et même s’il ne raffole pas de l’expression, le printemps lui a déjà posé quelques lapins.

Il se souvient d’au moins quelques années où celui-ci avait un air d'ère glaciaire. Le gel, la neige, la luge, le givre, les giboulées, il préfère ne pas en entendre parler. Lapin n'est pas grincheux, il n’aime juste pas l’hiver, si jamais ce n'était pas clair. Et puis pas question que le moindre flocon ne mouille son beau pelage.

Le museau enfin hors du terrier, il s'exclame : "Ça ne sent pas le sapin, c’est déjà ça.” Ébloui par la lumière, il ne distingue que des tâches de couleurs. Jaune ! Les pissenlits sont sortis ? Rose ! Le cerisier a déjà bourgeonné ? Bleu ! Le paon royal serait-il en balade ? Rouge ! Des coccinelles ? C'est donc bien officiel !

Lapin lance son bonnet, son cache-nez, ses moufles et s’écrie : “Il fait même chaud. Allez l'hiver, basta ciao !” Lapin a, en plus de ses grandes connaissances en printemps, quelques notions d'Italien. Il n'en reste pas là car il a du boulot sur la planche. Et quand le bouleau a déjà commencé à bour­geonner, c’est qu’il est vraiment l’heure de s'activer.

Oui car cette année, Lapin a décidé, sera une grande année de chasse aux œufs. Il faut en prévoir une armée et, surtout, bien trouver où les cacher. Tous ces points de couleurs aideront, ils détourneront l'attention ! Au menu: œufs au spéculoos trempés dans du chocolat et recouverts de saveurs colorées.

Et puis bien sûr : un biscuit à son effigie. Lapin fièrement perché sur un œuf. Il ne manquerait plus qu'on oublie de lui rendre hommage pour tout ce remue-ménage de printemps.